Journalist and author Djemila Benhabib has recently returned from Tunisia, where she witnessed first hand the serious attacks on the college communities there. She invites us to join her and express our solidarity to Tunisian women and students as they continue their resistance against extremist religious demands. You can read her text below; the English translation follows, so just scroll down if you're an English-only reader.
You can also find two articles by Djemila on her blog:
http://blogues.journaldemontreal.com/benhabib/actualites/la-tunisie-a-la-croisee-des-chemins/
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Djemila Benhabib's call for solidarity:
Agissons pour soutenir les démocrates en Tunisie!
Depuis le début de l’année 2011- 2012, la communauté universitaire en Tunisie vit, dans son ensemble, des moments de grandes tensions. De graves incidents se sont produits à la Faculté des lettres et des sciences humaines de Sousse, à l’École supérieure de commerce de la Manouba, à l’Institut supérieur de sciences appliquées et de technologie de Kairouan ainsi qu’à l’Institut supérieur de théologie de Tunis.
C’est sans conteste à la Faculté des Lettres, des Arts et des Humanités de la Manouba que se sont concentrées les pires attaques perpétrées par des milices salafistes qui exigent l’ouverture d’une salle de prière et le port du voile intégral pendant toutes les activités pédagogiques, y compris durant le déroulement …des examens !
En effet, depuis le 28 novembre 2011 cette faculté a connu des scènes de guérilla menées par un groupuscule (tout au plus une dizaine) d’étudiantes vêtues de niqab et soutenues par des militants salafistes pour la plupart extérieurs à la faculté, dirigé par Mohamed Bakhti, un étudiant de 27 ans inscrit en première année d’histoire, anciennement membre d’un groupe armé tunisien jihadiste directement impliqué dans des attaques terroristes en sol tunisien en 2007 et lié à Al-Qaïda.
Les revendications, les agissements et les motivations des ce groupe ultra minoritaire ont jeté l’effroi au sein de la communauté universitaire par le caractère fallacieux et pervers de leur contenu. Pourquoi exiger une salle de prière alors qu’un lieu de culte est disponible à un jet de pierre du campus ? Pourquoi ne pas respecter la décision du conseil scientifique de la faculté qui a jugé le port du voile intégral incompatible avec les règles élémentaires de la sécurité des personnes et antinomique avec les exigences pédagogiques ?
Face au refus du doyen de la faculté, Habib Kazdaghli, de céder aux pressions des salafistes et compte tenu de la grande solidarité de la communauté universitaire, ce groupuscule n’a pas hésité à utiliser des méthodes d’une extrême violence, paralysant la faculté pendant près d’un mois, occupant des locaux administratifs, chassant le doyen de ses propres bureaux, le séquestrant pendant plusieurs heures, le menaçant de mort et agressant physiquement des enseignant(e)s, des étudiant(e)s, des employé(e)s et des journalistes.
Au lieu d’assurer la sécurité au sein de l’établissement académique, les autorités tunisiennes font mine de ne rien voir et de ne rien entendre, laissant ainsi perdurer un climat délétère où prospèrent l’arbitraire et la tyrannie de la pensée totalitaire. Pire encore, le ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique, dirigé par Moncef Ben Salem, un député du parti islamiste Ennahda, a tiré à boulets rouges sur le doyen en affirmant que ce dernier « n’a pas fait ce qu’il fallait faire pour résoudre le problème pacifiquement et qu’il a des arrière-pensées politiques ».
Nous ne pouvons rester silencieux face à cette insoutenable situation. C’est pourquoi, nous, démocrates qui œuvrons dans différentes sphères professionnelles et paraprofessionnelles, rendons hommage à la résistance héroïque des enseignant(e)s, des étudiant(e)s et des employé(e)s des institutions académiques de Tunisie, particulièrement à la Faculté des Lettres, des Arts et des Humanités de la Manouba et à son doyen Habib Kazdaghli et appelons à exprimer notre solidarité concrète et agissante au Comité Tunisien de Défense des Valeurs Universitaires.
Depuis le début de l’année 2011- 2012, la communauté universitaire en Tunisie vit, dans son ensemble, des moments de grandes tensions. De graves incidents se sont produits à la Faculté des lettres et des sciences humaines de Sousse, à l’École supérieure de commerce de la Manouba, à l’Institut supérieur de sciences appliquées et de technologie de Kairouan ainsi qu’à l’Institut supérieur de théologie de Tunis.
C’est sans conteste à la Faculté des Lettres, des Arts et des Humanités de la Manouba que se sont concentrées les pires attaques perpétrées par des milices salafistes qui exigent l’ouverture d’une salle de prière et le port du voile intégral pendant toutes les activités pédagogiques, y compris durant le déroulement …des examens !
En effet, depuis le 28 novembre 2011 cette faculté a connu des scènes de guérilla menées par un groupuscule (tout au plus une dizaine) d’étudiantes vêtues de niqab et soutenues par des militants salafistes pour la plupart extérieurs à la faculté, dirigé par Mohamed Bakhti, un étudiant de 27 ans inscrit en première année d’histoire, anciennement membre d’un groupe armé tunisien jihadiste directement impliqué dans des attaques terroristes en sol tunisien en 2007 et lié à Al-Qaïda.
Les revendications, les agissements et les motivations des ce groupe ultra minoritaire ont jeté l’effroi au sein de la communauté universitaire par le caractère fallacieux et pervers de leur contenu. Pourquoi exiger une salle de prière alors qu’un lieu de culte est disponible à un jet de pierre du campus ? Pourquoi ne pas respecter la décision du conseil scientifique de la faculté qui a jugé le port du voile intégral incompatible avec les règles élémentaires de la sécurité des personnes et antinomique avec les exigences pédagogiques ?
Face au refus du doyen de la faculté, Habib Kazdaghli, de céder aux pressions des salafistes et compte tenu de la grande solidarité de la communauté universitaire, ce groupuscule n’a pas hésité à utiliser des méthodes d’une extrême violence, paralysant la faculté pendant près d’un mois, occupant des locaux administratifs, chassant le doyen de ses propres bureaux, le séquestrant pendant plusieurs heures, le menaçant de mort et agressant physiquement des enseignant(e)s, des étudiant(e)s, des employé(e)s et des journalistes.
Au lieu d’assurer la sécurité au sein de l’établissement académique, les autorités tunisiennes font mine de ne rien voir et de ne rien entendre, laissant ainsi perdurer un climat délétère où prospèrent l’arbitraire et la tyrannie de la pensée totalitaire. Pire encore, le ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique, dirigé par Moncef Ben Salem, un député du parti islamiste Ennahda, a tiré à boulets rouges sur le doyen en affirmant que ce dernier « n’a pas fait ce qu’il fallait faire pour résoudre le problème pacifiquement et qu’il a des arrière-pensées politiques ».
Nous ne pouvons rester silencieux face à cette insoutenable situation. C’est pourquoi, nous, démocrates qui œuvrons dans différentes sphères professionnelles et paraprofessionnelles, rendons hommage à la résistance héroïque des enseignant(e)s, des étudiant(e)s et des employé(e)s des institutions académiques de Tunisie, particulièrement à la Faculté des Lettres, des Arts et des Humanités de la Manouba et à son doyen Habib Kazdaghli et appelons à exprimer notre solidarité concrète et agissante au Comité Tunisien de Défense des Valeurs Universitaires.
--Djemila Benhabib
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A Call to Support Our Sisters in Tunisia!
The entire Tunisian university community has been living under grave tension since the beginning of the 2011-2012 academic year. Serious incidents have taken place at the College of Humanities and Sciences in Sousse, the College of Commerce in La Manouba, the Institute of Applied Science and Technology in Kairouan, and the College of Theology in Tunis.
The worst attacks have occurred at the College of Arts and Letters in La Manouba, where Salafist militias are demanding that a prayer room be opened and that full veils be worn during all pedagogical activities, including exams!
Ever since November 28, 2011 this College has seen guerrilla warfare, led by a small group of female students (twelve at most) dressed in niqabs and supported by militant Salafists, who for the most part are not associated with the College. They are led by Mohamed Bakhti, a 27 year-old in his first year of history studies, a former member of an armed group of Tunisian Jihadists linked to Al-Qaïda and directly implicated in terrorist attacks on Tunisian soil in 2007.
The ultra-minority group has injected fear into the heart of the university community through the deceptive and perverse nature of their demands, actions and motives. Why insist that a prayer room be opened when a place of worship is available just a stone’s throw away from the campus? Why not respect the decision of the College’s Scientific Board, who has determined that wearing a full veil is incompatible with the basic requirements of personal safety and also contradictory to educational requirements?
The college’s dean, Habib Kazdaghli, has refused to give in to Salafist pressure. As a result of his decision and given the great solidarity within the university community, this small group has not hesitated to use extremely violent methods: paralyzing the college for nearly a month, occupying administrative sites, ousting the dean from his own office, holding him for several hours and threatening him with death; physically abusing teachers, students, employees and reporters.
Instead of assuring the safety of those within the academic establishment, Tunisian authorities turn a blind eye, thus allowing a deleterious climate to continue, a climate in which the arbitrary and the tyranny of totalitarian thought flourishes. Worse yet, the Department of Education and Scientific Research, directed by Moncef Ben Salem, a deputy of the Islamist Party Ennahda, has severely criticized the dean by affirming that Kazdaghli “has not done what he should have to resolve the problem peacefully and, furthermore, has political ambitions.”
We cannot remain silent in the face of this untenable situation. This is why we women, democrats working in different professional and paraprofessional realms, commend the heroic resistance of the teachers, students and employees of the academic institutions of Tunisia, and particularly pay tribute to the College of Arts and Letters in La Manouba and to Dean Habib Kazdaghli. We urge you to join us in expressing our steadfast solidarity with the Tunisian Committee for the Defense of University Values (Comité Tunisien de Défense des Valeurs Universitaires).
The entire Tunisian university community has been living under grave tension since the beginning of the 2011-2012 academic year. Serious incidents have taken place at the College of Humanities and Sciences in Sousse, the College of Commerce in La Manouba, the Institute of Applied Science and Technology in Kairouan, and the College of Theology in Tunis.
The worst attacks have occurred at the College of Arts and Letters in La Manouba, where Salafist militias are demanding that a prayer room be opened and that full veils be worn during all pedagogical activities, including exams!
Ever since November 28, 2011 this College has seen guerrilla warfare, led by a small group of female students (twelve at most) dressed in niqabs and supported by militant Salafists, who for the most part are not associated with the College. They are led by Mohamed Bakhti, a 27 year-old in his first year of history studies, a former member of an armed group of Tunisian Jihadists linked to Al-Qaïda and directly implicated in terrorist attacks on Tunisian soil in 2007.
The ultra-minority group has injected fear into the heart of the university community through the deceptive and perverse nature of their demands, actions and motives. Why insist that a prayer room be opened when a place of worship is available just a stone’s throw away from the campus? Why not respect the decision of the College’s Scientific Board, who has determined that wearing a full veil is incompatible with the basic requirements of personal safety and also contradictory to educational requirements?
The college’s dean, Habib Kazdaghli, has refused to give in to Salafist pressure. As a result of his decision and given the great solidarity within the university community, this small group has not hesitated to use extremely violent methods: paralyzing the college for nearly a month, occupying administrative sites, ousting the dean from his own office, holding him for several hours and threatening him with death; physically abusing teachers, students, employees and reporters.
Instead of assuring the safety of those within the academic establishment, Tunisian authorities turn a blind eye, thus allowing a deleterious climate to continue, a climate in which the arbitrary and the tyranny of totalitarian thought flourishes. Worse yet, the Department of Education and Scientific Research, directed by Moncef Ben Salem, a deputy of the Islamist Party Ennahda, has severely criticized the dean by affirming that Kazdaghli “has not done what he should have to resolve the problem peacefully and, furthermore, has political ambitions.”
We cannot remain silent in the face of this untenable situation. This is why we women, democrats working in different professional and paraprofessional realms, commend the heroic resistance of the teachers, students and employees of the academic institutions of Tunisia, and particularly pay tribute to the College of Arts and Letters in La Manouba and to Dean Habib Kazdaghli. We urge you to join us in expressing our steadfast solidarity with the Tunisian Committee for the Defense of University Values (Comité Tunisien de Défense des Valeurs Universitaires).
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